Les éluEs de l’arrondissement Sud-Ouest soutiennent-illes vraiment le projet du B7 ?

En 2011 au plus fort de la controverse avec le groupe Mach pour lui arracher le Bâtiment 7, le Collectif 7 ÀNOUS avait revendiqué sans succès la non-construction de logements de 2 terrains bordant le Bâtiment 7 (les lots 3 et 4 sur la photo), une aberration en termes d’aménagement urbain disait-on à l’époque.

8 ans plus tard, la controverse entre le plus gros propriétaire immobilier privé du Québec et le 7 ÀNOUS atteint un nouveau paroxysme. L’erreur de planification urbaine de 2011 apparaît encore plus flagrante aujourd’hui en regard de l’évolution concrète du Bâtiment 7. Bref, les militantEs avaient vu juste.

Il n’est donc pas étonnant que le 7 ÀNOUS

revienne à la charge et demande aux autorités politiques (l’arrondissement du Sud-Ouest) de corriger une erreur qui, si elle s’avérait, aurait plusieurs conséquences négatives sur au moins les 50 prochaines années en termes d’accessibilité au bâtiment, du projet d’agriculture urbaine et de frictions permanentes avec les résidentEs.

Des négociations entre le 7 ÀNOUS et l’arrondissement Sud-Ouest à ce sujet durent depuis plus d’un an (juin 2018) et aucune solution satisfaisante n’est proposée par l’arrondissement. Sauf le fait de retarder l’émission du permis de construire pour le groupe Mach, ce que le 7 ÀNOUS apprécie. Mais… qui risque de ne pas tenir puisque le groupe Mach a entamé des procédures contre la Ville et/ou l’arrondissement Sud-Ouest pour obtenir le permis auquel « il a droit » selon les règles en vigueur.

Devant une situation bloquée et les hésitations des éluEs locaux, le 7 ÀNOUS s’est adressée à la mairesse Valérie Plante afin, comme on dit, que les « bottines suivent les babines » d’un point de vue politique. En effet, Projet Montréal au pouvoir à l’Hôtel de Ville et dans l’arrondissement Sud-Ouest proclament à tout vent sa volonté d’aménager la ville de manière conviviale au bénéfice des résidentEs. D’ailleurs, dans un livre récent les mairesses de Montréal et de Paris, Valérie Plante et Anne Hidalgo signait une préface dont l’extrait suivant :
« Chacune à la tête de nos administrations respectives, nous avons la responsabilité d’adapter nos villes aux demandes de celles et ceux qui les habitent, tout en reconstruisant la relation qui unit la ville et l’individu. »

L’arrondissement du Sud-Ouest ne peut plus prétendre être dans l’opposition à la ville centrale puisque depuis 2017 Projet Montréal détient un pouvoir majoritaire. Qui plus est, le maire de l’arrondissement Benoit Dorais est aussi président du comité exécutif de la Ville, c’est-à-dire le personnage politique no 2 de l’administration.

Deux poids, deux mesures

Récemment l’administration municipale signifiait ouvertement son intention d’intervenir dans le réaménagement des anciennes installations Molson/Coors en utilisant son droit de préemption sur des terrains. Même attitude concernant le Bassin Peel. Des interventions potentielles dans les années futures de centaines de millions$. Il faut comprendre cette nouvelle volonté politique en regard de l’échec absolument consternant et lamentable en termes d’aménagement urbain du nouveau quartier Griffintown : proéminence de l’auto-solo (les milliers de stationnements intérieurs dans le prolongement du centre-ville), absence d’école publique, de services de santé publics, spéculation outrancière, etc. Ce qui au bout du compte, nous apprenait le journal La Presse du 1er mai 2019, oblige la Ville à dépenser plus de 300 millions $ (des fonds publics) pour simplement réparer l’inertie combinée de la soif des promoteurs immobiliers pour le profit et du laxisme des autorités politiques (Gérald Tremblay et Denis Coderre de triste mémoire) en termes d’aménagement urbain.

Le « petit poids » dans cette affaire (la demande du 7 ÀNOUS) vise à corriger en amont une erreur que tout le monde admet, en faveur d’un projet porté à portée sociale exceptionnel selon les dires mêmes du maire Benoit Dorais.

Fête de l’été au B7 – 21 juin dernier
Porté à bout de bras par des « déclasséEs » de la société c’est-à-dire des militantEs et citoyenNEs motivéEs, sans le sou, mais œuvrant pour le Bien commun et permettant à une communauté de se doter de services collectifs auto-organisés dans un secteur où il en manque cruellement.
De surcroit, le projet du Bâtiment 7 ne coûte jusqu’à aujourd’hui pratiquement rien à la Ville. Malgré toutes ces années « à suivre les enjeux de ce dossier », les éluEs locaux ne semblent pas saisir l’importance sociale, culturelle et politique de cette mobilisation citoyenne.

L’omniprésence de la dictature de la rentabilité économique capitaliste

Nos éluEs semblent éminemment plus préoccupéEs et soumisEs au diktat de la rentabilité économique que pour tout autre considération. Bien sûr, le retour en taxe municipale du B7 sera dérisoire en regard de ce que notre voisin, le merveilleux quartier Griffintown rapportera à la Ville. Sur ce point, il faut avouer, le B7 est battu à plate couture, il ne fait pas le poids. Alors, s’engager à ce qu’aucune construction ne se fasse sur les lots 3 et 4 adjacents au Bâtiment 7 apparaît à nos éluEs comme une montagne puisque le B7 ne peut pas justifier sa rentabilité économique dans la logique que défend la Ville.

Pendant que nos éluEs nous parlent de chiffres, illes nous disent implicitement que l’ampleur des efforts d’appropriation d’une communauté sur son territoire de vie ne pèse pas lourd dans la balance. Ils et elles en arrivent à la conclusion qu’ils et elles ne peuvent même pas adopter une motion « politique » pour soutenir la lutte du collectif 7 ÀNOUS et ainsi « forcer » l’administration municipale à faire preuve de courage politique.

Objectivement, nous sommes en plein conflit de classe. D’un côté, il y a ceux qui construisent la Ville à leur image (les grands promoteurs capitalistes) et en fonction de leurs profits, tout en laissant les fonds publics éponger plus de 300 millions$ de dégâts urbanistiques et de l’autre des marginaux d’un quartier qui produisent le « projet idéal » correspondant au discours public de Projet Montréal.

Une question leur a été posée au conseil d’arrondissement du 10 juin dernier,

« Est-ce que les éluEs du conseil d’arrondissement sont d’accord pour adopter maintenant une résolution à l’effet qu’il n’y ait aucune construction d’habitation sur les lots 3 et 4 en bordure du Bâtiment 7 ? ».

Une conseillère a donné une réponse évasive du genre on n’a pas tous les chiffres, on ne peut pas prendre une telle résolution. Bref, après plus d’un an de négociation avec l’arrondissement, alors que le groupe Mach cherche comme à son habitude à maximiser ses profits, le Collectif 7 ÀNOUS semble se trouver isolé… comme à une certaine époque pas si lointaine.

Le Collectif 7 ÀNOUS ne peut donc-t-il pas compter sur la solidarité politique de ses éluEs locaux pour « transgresser » la barrière de la rentabilité capitaliste ? … misant sur un projet collectif éminemment plus riche en relations sociales et en Bien commun que tout ce qui se fait présentement dans ce « merveilleux » Griffintown.

Si les éluEs locaux du Sud-Ouest y compris le Maire croient et partagent vraiment la philosophie et la profondeur de ce projet de transformation sociale, il est plus que temps de manifester leur volonté politique.

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