Nous sommes choyés: le SOHO de Montréal à Pointe-Saint-Charles

SOHO, célèbre quartier de la ville de New York, doit sa renommée flamboyante aux artistes qui ont envahi les espaces industriels vétustes dans les années 1960-70.  Aujourd’hui, les artistes ont été délogés  depuis longtemps et SOHO est essentiellement devenu un quartier touristique, un des plus chers à New York, consacrés au magasinage et à la consommation, bref, le processus d’embourgeoisement ayant bouclé la boucle.

Dans l’imaginaire formaté par la propagande, SOHO garde à travers le monde une réputation de « quartier branché », ce que nombre de promoteurs immobiliers n’hésitent pas à utiliser à leurs fins lucratives personnelles, même à 700 kilomètres de distance.

N’importe laquelle bêtise pour vendre

Ne soyons pas surpris de l’esprit imaginatif du marketing avancé par le projet de plus Nordelec de 1 000 condos et le promoteur Elad Canada pour vendre. La dernière trouvaille en date est l’installation de 2 énormes bannières au coin de Bridge et Wellington qui présente le SOHO montréalais du Sud-Ouest. Observez dans la photo la subtilité du sigle où le HO est légèrement embrumé, un clin d’oeil à New York et le SO identifiant le « quartier du Sud-Ouest ». Une fausse information d’ailleurs puisque le Sud-Ouest est un arrondissement composé de 5 quartiers.

Ainsi, le promoteur a joint à son concept de pub initiale, « Les oiseaux rares qui y trouvent leur nid », le mythique SOHO. Quoi ? Le marché est-il en train de les lâcher ?

Mais ne soyons pas pessimistes. Imaginons le bonheur pour nous résident-e-s du quartier Pointe-Saint-Charles de partager la vie intense des futurs proprios de condo comme on l’affirme dans la présentation du projet:

« Vivre au Nordelec devient un acte presque politique. C’est se placer au cœur d’une activité humaine intense, authentique et saine, en côtoyant les créatifs de la métropole, en ayant un accès facile aux transports publics et alternatifs, en bénéficiant de nombreux commerces de proximité, en appartenant à une communauté de vie au sein même de l’édifice… »

En effet dirions-nous, les stratégies d’embourgeoisement (modifier la dynamique d’un quartier en y changeant la population) défendues par le capital immobilier et les orientations des pouvoirs politiques sont des actes éminemment politiques.

Enfin, mentionnons que Elad Canada fait partie de la grande famille Elad Group, multinationale de l’immobilier, propriété de Isaac Tshuva (fortune personnelle 2. 2 milliards selon Forbes ce qui le place 7e plus riche d’Israël), et ardent défenseur du gouvernement sioniste israélien. Du coup on part du local à l’international. Ça aussi c’est très politique.

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