Suite de l’élection municipale: ouverture pour la résistance

Projet Montréal s’impose:
Tout le monde en conviendra, peu de personnes s’attendaient à ce que Projet Montréal emporte 4 des 5 postes d’élu-e-s dans le Sud-ouest. Il faut croire que les candidat-e-s ont fait une campagne terrain efficace. Seul Benoit Dorais a difficilement sauvé son siège de maire d’arrondissement, alors que son équipe locale a sans doute été victime de la faiblesse de Marcel Côté à la mairie de Montréal. Dans le Sud-Ouest, c’est Mélanie Joly, la candidate champignon et chou chou des médias, qui est arrivée première pour le vote à la mairie de Montréal tout en étant incapable, heureusement, de faire gagner ses candidat-e-s locaux d’une extraordinaire insignifiance politique (nous avons assisté à l’assemblée publique du 26 octobre). Quant à Coderre dans le Sud-Ouest c’est fiasco total.

Bref, un résultat global, présentant un maire fort d’une expérience de 4 ans et ayant des affinités idéologiques avec les 4 élu-e-s de Projet Montréal. Un conseil plus à « gauche », on verra. Pour Projet Montréal ce sera tout un test.

L’aménagement urbain: un territoire de lutte
Plutôt que d’analyser la défaite d’une équipe qui fut omniprésente, médiatiquement durant le dernier mandat et la campagne ou bien la victoire de la nouvelle équipe de projet Montréal engageons-nous sur ce qui nous attend pour les 4 prochaines années dans le Sud-Ouest.

L’aménagement urbain et ses règles ne sont pas neutres. Les promoteurs et leurs idées sont nettement avantagés alors que les enjeux d’aménagement seront encore au centre de l’échiquier et plus particulièrement la question du logement et de son accessibilité.

Un premier dossier chaud, la Canada Malting à Saint-Henri, nous rappelle que le développement de projets condos s’est fait la plupart du temps sans une proportion significative, en site, de logement social. Cela est dû au fait que les politiques gouvernementales autant municipales qu’à Québec favorisent les promoteurs immobiliers privés au détriment des besoins.

Les normes de la stratégie d’inclusion et de compensation de la Ville sont nettement en deçà de l’acceptable. Elles ne servent tout juste qu’à jeter un baume sur une blessure sociale et humaine sans offrir une solution de guérison et surtout, dans une vision social-démocrate, à chercher un équilibre entre l’embourgeoisement et ses effets et l’appauvrissement des ménages via la hausse faramineuse des coûts du logement. Le maire Dorais avait convaincu son équipe de Vision Montréal de sa stratégie d’intervention visant à faire comprendre aux promoteurs qu’ils devaient en faire plus en terme de contribution. Certains l’ont carrément envoyé promener dont le promoteur du Myst où aucun logement social n’a été obtenu. Avec un système de compensation dérisoire, les capitalistes immobiliers maintiennent aisément leurs marges de profits.

C’est ce faux consensus qui doit sauter. Les quartiers du Sud-Ouest ne sont pas à vendre au plus offrant. Le dossier de la Canada Malting devrait être le dossier emblématique de ce virage nécessaire.
Durant la campagne, Projet Montréal à promis un moratoire, Benoit Dorais une consultation. Benoit Dorais doit reculer et la proposition de moratoire appliquer.

Création d’une banque de terrains et de bâtiments
Le maire Dorais et son équipe semblent avoir été les premiers à répondre positivement à cette revendication qui s’étend à l’échelle de la ville. Il faut accélérer dans cette bonne direction, c’est-à-dire que les élu-e-s doivent faire preuve d’audace et constituer une véritable réserve de terrains et de bâtiments (exproprier des bâtiments barricadés tel celui coin Island et Augustin Cantin). Ce moyen utilisé pourrait devenir un outil de lutte contre la spéculation.

Les élu-e-s de Projet Montréal seront confrontés à une nouvelle situation politique dans le Sud-Ouest, ils et elles sont majoritaires et qu’ils peuvent affirmer une vision plus à gauche que l’ancien groupe. Ils et elles sont donc en mesure d’amener le maire Dorais vers d’autres positions.

La situation politique ne sera pas facile et elle demandera du courage. La réalité immobilière se transforme et le développement immobilier risque de ralentir (c’est déjà le cas), alors les promoteurs qui veulent s’engager sans mettre en jeu leurs marges de profits seront agressifs, feront des pressions accrues sur les élu-e-s. À l’Hôtel de Ville, la droite se consolidera autour du populiste Denis Coderre, qui sera sans doute sourd aux demandes locales et plutôt favorable aux promoteurs. Ainsi, si les élu-e-s accentuent leurs orientations de gauche, ils et elles auront des pressions du milieu des affaires un peu comme il s’est passé au Plateau Mont-Royal.

Rôle des militant-e-s sociaux et politiques
Il est indéniable que les élu-e-s de Projet Montréal ont reçus des appuis électoraux des secteurs progressistes et de gauche la population. L’erreur des militant-e-s serait de croire que les élu-e-s pourront mettre de l’avant des propositions qui auront l’effet de confronter les intérêts des promoteurs s’ils et elles ne sentent pas dans leur cou le souffle des militant-e-s et mouvements qui veulent que la situation change.

Les clivages entre les intérêts populaires et les capitalistes vont s’accentuer dans le prochain mandat. Les militant-e-s ne doivent pas relâcher leur surveillance et se préparer en conséquence. Si l’objectif à court terme des mouvements sociaux est la recherche d’une réelle amélioration des conditions de vie de la population, la lutte sera dure. Ainsi, à titre d’exemple, la convergence des positions politiques entre les élu-e-s devrait être à l’image de la lutte pour l’obtention du bâtiment 7 dans la Pointe. Cette convergence « exceptionnelle », faut-il le dire, a permis à l’arrondissement d’être sur la même position que les militant-e-s du CSA et du B7 face aux intérêts du groupe Mach. Un clivage de classe si on veut parler en terme politique. Au moment de l’histoire où le système de marchandisation se radicalise de manière agressive, l’opposition militante doit être prête à utiliser des stratégies d’intervention pour faire un véritable contrepoids aux intérêts économiques et politiques qui provoquent la misère.

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