Retrouvailles au conseil d’arrondissement

Hier soir, je suis retourné au conseil d’arrondissement du Sud-ouest, le premier depuis la dernière élection municipale du 3 novembre. Le maire Dorais (que l’on voit ici), qui a perdu sa majorité au profit de Projet Montréal, ne semblait pas trop embêté. J’imagine que les idées de Projet Montréal sont assez près des siennes pour éviter tout « clash » idéologique.

Mais il va falloir se creuser un peu les méninges chez les élu-e-s parce que la situation d’une partie significative de la population du Sud-Ouest va continuer à se détériorer, surtout sur le front de l’habitation, remettant peut-être plus visiblement sur le tapis, « la lutte des classes ».D’ailleurs, la présentation d’une étude approfondie sur le logement réalisé par le Regroupement information logement et la Table Action-Gardien en dit long sur la détérioration des conditions de logement (cherté des loyers en particulier). Bref, près de 80% des résident-e-s de Pointe-Saint-Charles ne peuvent s’offrir le condo qui nous est proposé par vague sur le quartier.

Donc, beaucoup de monde dans la salle soulevant des problèmes qui touchent des enjeux de fond de la société, aménagement urbain et écologie, ceux en somme qui montrent plus clairement les limites de la logique capitaliste. Dépôt d’une pétition de 1500 noms pour éviter un projet de condos de 6-700 logements dans la Canada Malting à St-Henri bien appuyée par une petite manifestation et qui ramène sur la place publique un certain ras-le-bol de la vague condo et de ses effets d’embourgeoisement.

Dans la même veine j’ai soulevé une ou deux questions sur la campagne « À qui la Pointe » et je suis revenu sur l’annonce du maire Dorais durant la campagne électorale à l’effet que Sud-Ouest avait commencer à constituer une banque de terrains pour du logement social. Je proposais donc que les bâtiments barricadés rue Island et Richardson soient canalisés dans ladite banque de terrains pour des coopératives d’habitation évitant ainsi que le prochain « Woonerf » prévu sur la rue Island ne fasse la joie des prochains propriétaires de condos venus de l’extérieur du quartier au détriment de la population locale. Stratégiquement et politiquement, voilà un dossier qui pourrait envoyer un « certain message » aux promoteurs immobiliers de la part des élu-e-s de l’arrondissement.

Léger recul
J’ai eu le sentiment que Benoit Dorais reculait légèrement. Il est vrai que la donne à l’Hôtel de Ville a changé. Benoit Dorais n’est plus vice-président du comité exécutif et responsable de l’habitation. Le maire à raison. La Ville centrale et Coderre doivent être interpellés sur l’enjeu financier des banques de terrains pour le logement social. Les mouvements sociaux doivent presser davantage le citron.

Mais au-delà de ces constatations, Benoit Dorais reste sur les positions qu’il a développées depuis quatre (4) ans, à savoir que le développement accéléré des projets de condos allait permettre une marge de manœuvre pour financer le logement social à travers la stratégie d’inclusion. Je ne sais si l’équipe Projet Montréal partage cette vision. Mais cette logique EST NETTEMENT INSUFFISANTE et surtout elle s’inscrit dans une vision néo-libérale de l’aménagement urbain et de l’habitation.

Cette vision générale, le maire Dorais l’a répété hier soir – le problème du financement des arrondissements n’est pas réglé (c’est vrai), nous n’avons pas les fonds pour acheter 4-5 terrains. Bref, c’est le même discours DE FOND que les élites politiques et économiques néo-libérales locales ou internationales (Organisation mondiale du commerce, Banque Mondiale et tutti quanti) nous distillent depuis des décennies: « les gouvernements n’ont pas d’argent ». Cette logique est implacable, elle nous attache les mains et mène à conclure qu’il n’y a rien à faire.

Sortons de ce discours. Rappelons-nous seulement que dans le Sud-Ouest le Collectif 7 à nous est en train d’exproprier un capitaliste (bâtiment gratuit + 1 million$ de fonds privé) sur la base d’un enjeu politique. Rappelons aussi que l’arrondissement (fonds publics) a payé pour un terrain (d’ailleurs occupé gratuitement par un capitaliste) qui deviendra un parc (c’est bien, mais ça servira à mousser le projet de condo sans aucun logement social). Le Maire et les élu-e-s ne sont probablement pas près à monter aux barricades contre la propriété privée. Mais ce n’est pas ce que leur demandent actuellement les organisations de défense du droit au logement.

Un peu d’imagination
Les miettes que le secteur immobilier laisse tomber pour les ménages à faible et moyen revenus ne compensent aucunement les ravages du secteur immobilier qui, même au ralenti, n’en seront pas moins importants.

J’invite donc prioritairement les élu-e-s de Projet Montréal à quitter la « stratégie Dorais » basée sur l’effervescence du secteur immobilier et l’obligation d’instaurer la stratégie d’inclusion de la ville (en fait qui mène à l’utilisation de la compensation) pour réaliser du logement social.

S’ils et elles ne le font pas, les quatre prochaines années risquent d’être plus difficiles que le dernier mandat dans le Sud-Ouest.

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