Un dernier verre avant la guerre

Ce n’est pas moi qui le dis. Sentant les vents froids de l’austérité néo-libérale qui frapperont de plein fouet lors du budget du 31 mars prochain le chroniqueur du Devoir, David Desjardins, écrit : « En attendant, il y aura Noël. Il y aura les fêtes. L’occasion d’un dernier verre avant la guerre ».En bon québécois attachez vos tuques semble-t-il écrire le 20 décembre dernier dans sa chronique. Étonnant, un journaliste « mainstream » en avance sur les leaders des mouvements sociaux.

Ce qui peut caractériser le front des luttes sociales au Québec en 2014 ce sont les tensions qui se sont accumulées depuis juin entre l’État et les mouvements sociaux, mais aussi les hésitations à la résistance malgré quelques manifestations importantes et le fait que les mouvements sociaux ne sont pas prêts « à la guerre » même si le présage d’un affrontement se dessine. Les leaders des mouvements cherchent encore à sauver les meubles par la négociation avec l’État alors que ce dernier veut de toute évidence en découdre avec ce qui reste de social-démocratie québécoise. Y aura-t-il basculement vers une véritable stratégie de défense/confrontation avec l’État en 2015? Rien n’est moins sûr.

Les leaders sociaux ont l’habitude de faire reposer leurs stratégies sur la ronde électorale suivante en menaçant de mobiliser leurs troupes contre le parti au pouvoir. C’est exactement ce qui s’enligne d’ailleurs pour l’élection fédérale de 2015. Mais ici au Québec, le parti libéral est majoritaire et la prochaine élection n’arrivera qu’en octobre 2018. D’ici ce temps les dégâts à l’encontre des services publics seront sans doute majeurs si un plan d’action de confrontation n’est pas lancé.

L’embourgeoisement et la lutte anti-capitaliste

Avec le grand battage communicationnel des coalitions syndicales, communautaires et féministes contre l’austérité, le mouvement social de Pointe-Saint-Charles est sollicité sur plusieurs fronts. Ça fait apparaître « moins pressants » les enjeux urbains au niveau local. D’autant plus que les quelques interventions militantes sporadiques sur le front de l’embourgeoisement (campagne À qui la Pointe) en 2014 n’ont pas eu l’air de déranger la progression du phénomène. La difficulté d’établir les liens d’analyse entre le développement urbain capitaliste et les orientations de l’État affaiblit, au moins en termes de compréhension, la cohérence et la force du mouvement social local. Bref, on peine à saisir que l’embourgeoisement qui frappe le quartier, provoque l’augmentation des loyers et expulse des dizaines de ménages annuellement relève d’une stratégie cohérente des élites municipales et de l’industrie immobilière capitaliste bien soutenue par le pouvoir étatique à Québec.

Depuis l’élection du maire Dorais en 2009 et plus récemment en novembre 2013 d’une majorité d’élu-e-s de Projet Montréal, les élu-e-s locaux n’ont jamais questionné sérieusement et encore moins agit de manière significative face à ce phénomène de transformation socio-économique de nos quartiers populaires. Pourtant depuis quelques années une partie significative de la population du quartier sent « le tapis lui glisser sous les pieds » se retrouvant la plupart du temps dans le « sauf qui peut » individuel.

Lutter contre l’embourgeoisement, c’est-à-dire offrir une résistance contre l’évolution de la mainmise du capitalisme immobilier sur notre quartier de vie, pourrait être une contribution locale significative contre la société capitaliste. Mais cette résistance n’arrive pas à construire un front de résistance en ce moment, restant essentiellement dans les limites de la protestation et des demandes de consultation.

Que nous réserve 2015? Peu d’espoir que ça change malheureusement alors que la trajectoire du développement capitaliste du centre-ville vers Pointe-Saint-Charles est déjà tracée sur le secteur Bridge/Bonaventure à travers le développement immobilier. Avec la transformation de l’autoroute Bonaventure en boulevard de 9 voies de circulation on pavera une nouvelle voie au renforcement du phénomène d’embourgeoisement dans la Pointe, gracieuseté des fonds publics. Bref, un rapport de force complètement inégal.

Deux dossiers chauds ?

Au niveau micro, deux enjeux locaux pourraient changer un peu la dynamique locale. Le premier c’est la construction du Centre social autogéré (CSA).

Coincé depuis 2 ans par la logique bureaucratique privée et publique qui gère le réaménagement des anciens terrains du CN, le Centre social autogéré a vu s’étioler sa dynamique militante d’action directe dans l’attente d’accéder enfin à un espace permanent dans le bâtiment 7 pour faire vivre ses projets dans le quartier (Café/bar, brasserie artisanale et magasin général). Pour l’instant, les indications sont au positif pour le transfert du bâtiment 7 au collectif 7 à nous en 2015 et conséquemment pour le projet CSA.

Projet social, politique et économique se qualifiant d’anti-capitaliste, il se propose de créer une véritable brisure vis-à-vis la logique marchande de la société, entre autres de s’éloigner de la perspective de l’économie sociale. Bref, une expérience alternative qui pourrait faire le pont et donner un peu de souffle a une perspective politique de transformation radicale de la société. À vrai dire ce n’est pas gagné d’avance surtout qu’il faudra voir où en est le moral des militant-e-s radicales après la longue parenthèse d’attente.

Sauver le Carrefour

La seconde bataille locale qui pourrait être significative oppose les 6 centres d’éducation populaire, dont celui de la Pointe au ministère de l’Éducation. Le financement de l’État est au cœur du débat. En mai 2015, la Commission scolaire propriétaire des bâtiments mettra fin au bail gratuit des 6 centres et donc celui du Carrefour d’éducation populaire de la Pointe.

Le Carrefour demande au ministère de prendre la relève. La tendance qui se dégage d’une rencontre avec le ministre est celle qui veut que le Ministère rénove les 6 centres, les remette gratuitement à chacune des organisations et maintienne le soutien aux programmes d’éducation populaire durant 3 ans. Après quoi les centres se débrouillent pour assurer leur propre survie. Cela ne rejoint pas la revendication du Carrefour qui est : le loyer gratuit, la rénovation de l’édifice et le maintien du financement à l’éducation populaire. Les militant-e-s des 6 centres estiment qu’il a là un espoir que le ministère continuera à financer l’éducation populaire. Évidemment ça fait baisser la tension, ça fait remonter à la surface l’idée que le gouvernement reculera et que la stratégie de la pression/négociation fonctionne.

Pourtant la réalité politique nous dit qu’il serait présomptueux de croire les balivernes du ministre Bolduc. Rappelons-nous que Couillard, le premier ministre, vient tout juste de faire un virage à 180 degrés sur la question du financement des CPE, un regroupement social autrement plus fort et solide que les centres d’éducation populaire. D’autre part, le gouvernement offre 3% d’augmentation salariale sur 5 ans en plus des augmentations de charge de travail à ses 500 000 syndiqué-e-s.

Point important à rajouter, le ministre Bolduc doit convaincre son collègue, ministre des Finances, d’accepter l’offre faite aux centres d’éducation populaire, ce qui n’est aucunement acquis. On connaîtra la réponse finale lors du dépôt du budget du 31 mars prochain. Pour Bolduc, il lui sera facile de dire que le ministre des Finances ne l’a pas entendu si le statu quo demeure.

En marge du bras de fer, en périphérie et au sein du carrefour circule l’idée d’une occupation si le bail prend fin sans autre solution. Déjà pour plusieurs militant-e-s du quartier l’idée d’un dernier verre avant la guerre est dans l’air.

À la bonne vôtre.

7 commentaires

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